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Résumé Index Plan Texte Bibliographie Notes Citation Auteur Résumés À quoi correspond l’étude des publics de télévision en sciences de l’information et de la communication ? Dans ce domaine disciplinaire, les terminologies audience », réception », influence », publics » voire téléspectateurs » sont utilisées pour qualifier les recherches sur ceux qui regardent la télévision ». Elles correspondent à des approches voisines, complémentaires, mais toujours différenciées. À l’heure actuelle, l’usage de la terminologie publics » tend à définir les contours d’une méthode d’approche relativement précise, celle qui s’intéresse à des collectifs identifiés, actifs, plus ou moins circonscrits. Nous nous intéressons dans cet article à la manière dont cette acception est devenue consensuelle en SIC, et à ses évolutions possibles. Il s’agit de se demander comment la prise en charge de l’objet par une discipline, en l’occurrence les SIC, influence le concept même de public ». Autrement dit, le positionnement académique et scientifique d’un objet de recherche est analysé. What mean television audience researches for communication studies ? Communication and reception studies researchers can use the words audience », reception », influence », publics », even tv viewers » to designate studies about those who watch television ». That is to say close, complementary but different approaches. Today, when one speaks about publics », it denotes quite precisely known, actives, more or less defined groups. We are interested here in how this definition became common in communication studies and its possible evolutions. It means questionning the effects of an academic disciplin appropriation on a publics » concept. We analyse the academic and scientific positioning of that research de page Entrées d’index Haut de page Texte intégral 1 Dans la lignée des ciné-clubs », les télés-clubs désignent une pratique de réception collective d ... 1En France, c’est à partir des années 1950 que les milieux intellectuels et politiques s’accordent pour enquêter sur les publics de télévision. En 1954, l’UNESCO, le gouvernement et la RTF mettent en œuvre un projet commun consistant en la réalisation d’une série expérimentale d’émissions d’éducation populaire État d’urgence » et de leurs effets sur le public. Dans ce cadre, il est demandé à Joffre Dumazedier, alors attaché de recherches et président du mouvement d’éducation populaire Peuple et culture », de conduire une grande enquête sociologique sur le phénomène des télés-clubs1 et sur les réactions des gens face à la télévision naissante et particulièrement au programme État d’urgence » Dumazedier, 1955. Il est intéressant de noter que les interrogations sur la composition sociologique des publics, sur l’influence des images, sur les attentes des téléspectateurs se posent alors même que le média commence à peine à s’installer dans les pratiques. Puis, dans les années 60, les universitaires prennent en charge l’objet. Ainsi plusieurs chapitres du manuel de la collection Que sais-je » Sociologie de la radio-télévision, rédigé par le sociologue Jean Cazeneuve 1962, sont déjà consacrés au public chapitre IV et à la question de l’influence chapitres V Effets d’ordre intellectuel » et VI Effets moraux sociaux ». Au même moment, sous l’impulsion de Georges Friedmann et Edgar Morin, le Centre d’étude des communications de masse Cecmas et la revue Communications représentent le cadre original du développement des recherches en communication et sur les médias. Ils favorisent, pour un temps au moins, les interrogations sur les publics avec notamment la publication d’articles La télévision vécue » Friedmann, 1964, Communications, 3, Les effets des scènes de violence au cinéma et à la télévision » Glucksmann, 1966, Communications, 7, Télévision et démocratie culturelle » Friedmann, 1967, Communications, 10 ; L’attente du public l’exemple de la télévision israélienne » Gurevitch, 1969, Communications, 14 ; Publics et culture en télévision » Wangermée, 1969, Communications, 14. Après quelques années d’ ajournement académique » Ségur, 2010 50, le développement des sciences de l’information et de la communication a fortement contribué à favoriser la mise en œuvre de recherches sur les publics de télévision ainsi que la diffusion des savoirs français et étrangers sur le sujet. 2 D’emblée, il est à noter que la notion d’usagers n’est pas mobilisée par les SIC lorsqu’il s’agit d ... 2Aujourd’hui, à quoi correspond l’étude des publics de télévision en SIC ? Dans ce domaine disciplinaire, les terminologies audience », réception », influence », publics » voire téléspectateurs » sont corrélées pour qualifier les recherches sur ceux qui regardent la télévision »2. Elles correspondent à des approches voisines, complémentaires, mais différenciées. L’étude de l’audience porte principalement sur les pratiques du média et sur les représentations quantitatives des téléspectateurs produites par les dispositifs de mesure de l’audience cf. Bourdon, Meadel, 2014. Les facteurs d’influence contenus dans les messages médiatiques ainsi que les conditions psychosociales de leur réception sont les objets privilégiés d’un autre axe de recherche cf. Courbet, Fourquet-Courbet, 2003. À l’heure actuelle, l’usage de la terminologie publics » tend à définir les contours d’une approche précise, celle qui s’intéresse à des collectifs identifiés, actifs, et circonscrits. Nous nous intéressons ici à la manière dont cette définition est devenue consensuelle en Sciences de l’information et de la communication et à ses évolutions. Il s’agit de se demander comment la prise en charge de l’objet par une discipline en l’occurrence les SIC, a contribué à construire le concept même de public » par cette discipline. Autrement dit, le positionnement académique et scientifique d’un objet de recherche est ici analysé dans sa dimension historique et épistémologique. Si les racines du concept de public comme objet scientifique peuvent être situées dans des écrits datés du xxe siècle Dewey, 1927 ; Tarde, 1901, nous situons notre propos dans une présentation actualisée de cette thématique de recherche. La montée en légitimité des téléspectateurs comme objet de recherche académique 3 En tant que directeur du programme de recherche Communication CNRS, du LCP et de la revue Hermès, D ... 4 Dans l’article Les mystères de la réception, D. Dayan 1992 159-161 propose explicitement ce dép ... 3Dans les années 1980, l’institutionnalisation des Sciences de l’information et de la communication participe également d’un mouvement de réhabilitation de la télévision et de ses téléspectateurs comme objet d’étude scientifique. En effet, un engouement général pour la problématique de la communication – Claude Baltz 1985 évoque la nébuleuse inforcom » – a favorisé le développement d’enquêtes et la diffusion des connaissances. Entre 1985 et 1997, le CNRS met en place un programme Communication » dirigé par Dominique Wolton. Ce dernier vient alors de publier, avec Jean-Louis Missika alors conseiller du Président-directeur-général d’Antenne 2 l’ouvrage La folle du logis. La télévision dans les sociétés démocratiques 1983 ils y affirmaient le rôle démocratique et socio-éducatif de la télévision. Dominique Wolton poursuit cette démarche en publiant en 1990 un Éloge du grand public, un plaidoyer explicite en faveur des téléspectateurs il explique que son objectif est de montrer l’importance » de la télévision, d’un point de vue démocratique », en raison du quasi désert de réflexion dont il [le média] est l’objet » ibid. 3. Il dénonce les lieux communs sur son pouvoir, son influence, la bêtise du public, la passivité du spectateur, l’aliénation de l’image » id. 11. Le ton est donné ; l’étude de la réception médiatique est un thème récurrent des appels d’offres alors lancés par le CNRS dans le cadre de ce programme de recherche sur la communication ». Ainsi, les Recherches méthodologiques sur les conditions de réception et d’appropriation de l’image dans différents contextes culturels » et l’ethnographie des publics des émissions de fiction et des émissions d’information constitution du sens par les publics » sont deux axes d’un appel sur le traitement de l’image fixe et animée proposé en 1986 ; celui de communication politique 1988 comporte un volet Pluralité des publics et différenciation du langage politique ». Dans ce cadre, Dominique Wolton crée le laboratoire Communication et Politique LCP, CNRS ainsi que la revue Hermès en 1988. Parmi les premières problématiques traitées et diffusées, figure celle des publics en 1989, les membres du LCP ont organisé un colloque intitulé Public et réception » au centre Georges Pompidou à Paris, première manifestation scientifique d’envergure sur cet objet en France. L’objet du colloque est de faire le point et faire connaître l’état des savoirs disponibles sur les publics médiatiques en France, mais aussi à l’étranger. Il réunit notamment des sociologues de l’EHESS et chargés de recherche CNRS Jérome Bourdon, Daniel Dayan, Dominique Pasquier…, ainsi que des chercheurs étrangers plutôt reconnus comme spécialiste de la question de la réception médiatique Ien Ang, John Corner, James Curran, Elihu Katz, Sonia Livingstone, David Morley…. Cette manifestation sera suivie de la publication d’un dossier pluridisciplinaire À la recherche du public » dirigé par Daniel Dayan dans la revue Hermès, considéré depuis lors comme une référence dans ce domaine de recherche3. Ces deux éléments marquent le début d’une approche sociologique » des publics qui devient alors dominante dans ce champ d’étude. Celle-ci est notamment incarnée par Daniel Dayan et son article Les mystères de la réception » – considéré comme une référence dans ce domaine4. Elle consiste à ne plus solliciter l’expression des téléspectateurs, mais à l’observer là où elle se manifeste spontanément. Ce qui conduit à s’intéresser aux processus de constitution d’un public. Chez Daniel Dayan, cela se traduit par l’étude des performances de téléspectateurs. 4Quelques années plus tôt, toujours dans le cadre du Programme de recherche en communication » du CNRS, et en partenariat avec le Centre national d’étude des télécommunications, l’appel d’offres La télévision dans l’espace public télé cultures et télé-événements » inscrit l’écoute de la télévision en tant que pratique culturelle et sociale. Il est remporté par Dominique Boullier, alors docteur en anthropologie familiarisé aux travaux nord-américains sur la réception sociale des messages médiatiques cf. Katz, 1956, ainsi qu’à une perspective ethnométhodologique. Le projet d’enquête portait sur les conversations télé », c’est-à -dire les discussions sur ce média tenues spontanément sur le lieu du travail. Il s’agissait de considérer la réception de la télévision comme une activité interprétative partagée ; pour Dominique Boullier, les publics de télévision se constituent au cours d’interactions sociales quotidiennes, en dehors du moment strict de réception voir Boullier, 1987, 2003 Ce n’est donc plus la situation de présence devant la télévision ou la lecture effective du journal qui permettent de comprendre la réception. […] La télévision se parle au cours d’autres activités ou même comme activité centrale de conversation. [… Les individus] manifestent aux autres membres de la société ce qu’ils font de la télévision. […] Ce sont ces discours qu’il faut prendre au sérieux, non pour ce qu’ils nous disent ce qui s’est passé dans la tête des gens durant leur exposition au message en question, mais pour ce qu’ils sont, c’est-à -dire des activités de comptes rendus en tant que telles, qui sont la réception elle-même ». 5Ainsi, deux idées principales soit une définition performative des publics et la pratique de la télévision comme expérience sociale, constituent un programme de recherche qui devient dominant dans les années 1990-2000 dans le champ académique. Cette perspective est surtout appropriée par des sociologues des médias, mais elle influence la conduite de travaux en sciences de l’information et de la communication. Vers une définition consensuelle les publics performants » 5 Comme cela n’est pas le propos principal de cet article, nous ne proposons que quelques illustratio ... 6 Pour étudier la réception d’une sitcom populaire à succès Hélène et les garçons, la sociologue des ... 7 Quelques exemples I. Ang Culture et communication. Pour une critique ethnographique de la conso ... 8 Quelques exemples P. Chambat, A. Ehrenberg Télévision, terminal moral », 1993, Réseaux, hors sé ... 6Nous avions pu observer comment l’étude des publics performants s’est principalement développée de manière réticulaire autour de chercheurs comme Jérôme Bourdon, Sabine Chalvon, Daniel Dayan, Dominique Pasquier, etc. et de foyers de production et de diffusion des savoirs l’EHESS, le CNRS, le Centre d’étude des mouvements sociaux, l’université Paris 3, les revues Les dossiers de l’audiovisuel, Hermès, Médiaspouvoirs, Réseaux. La conduite d’enquêtes, de séminaires ainsi que leur publicisation ont favorisé le développement de cette approche. L’on peut citer5 l’étude importante menée par Dominique Pasquier sur la réception des adolescents de la sitcom Hélène et les garçons6 ; le rôle important joué par les revues dans la traduction d’auteurs anglo-saxons considérés comme importants pour cette perspective de recherche7 ; ainsi que la publication de textes qui privilégient l’étude de la réception d’une télévision comme objet social et culturel, domestique et quotidien, où l’on s’intéresse aux modes d’appropriations socioculturelle et socioaffective du média par les publics8. Se développe une approche qui s’intéresse aux modes de constitution des publics, qui s’interroge sur la nature des publics et sur le sentiment d’appartenance ou non à un collectif, et qui s’attache, enfin, à observer les manifestations de la réception là où celle-ci se donne à voir. 9 Notons que P. Sorlin a une bonne connaissance des réflexions proposées par D. Dayan, puisqu’il avai ... 10 H. Romeyer, L’autoreflexivité télévisuelle en France, entre communication médiatique et espace pu ... 11 G. Le Saulnier G., La police nationale dans une société médiatisée. Des stratégies médiatiques de l ... 12 G. Goasdoué G., La construction des pratiques informationnelles par les publics des médias », ... 13 P. Bialès P., Les mécanismes de reconnaissance et la mobilisation de publics dans la médiatisatio ... 7En SIC, le développement de cette approche se fait depuis lors à différents niveaux. Par la conduite de doctorats notamment. En 1996, Stéphane Calbo, doctorant en SIC à l’université Paris 3, soutient une thèse intitulée Six rituels de la consommation télévisuelle une approche ethnographique de la réception en tant que processus affectif conditionné par l’appartenance sociale, la logique sérielle de l’institution télévisuelle et le monde du programme » publiée en 1998. Dirigé par Pierre Sorlin9, ce travail a consisté à étudier les rituels affectifs reproduction d’habitudes, mises en scène de la pratique d’un public actif qui se plie au jeu collectif de la réception via l’adoption de certaines conduites spectatorielles. Selon Stéphane Calbo, c’est dans le moment de la réception, me semble-t-il, qu’un public “prend corps” effectivement et qu’il acquière une expérience en tant que telle » Calbo, 2000 214. Cette définition fait écho à celle proposée de manière plus détaillée quelques années plus tard par Dominique Pasquier et Daniel Cefaï 2003 14 en introduction de l’ouvrage collectif Les sens du public Le public n’est pas un donné en soi, en antécédence ou en extériorité aux performances qui le visent ; il “se publicise” à travers la ”publicisation” d’un problème social ou d’une mesure politique, d’une œuvre théâtrale ou d’un programme télévisuel ». Plus récemment, l’on peut citer plusieurs autres travaux, qui traduisent l’installation en Sic de questionnements légitimes sur les modes de constitution des publics et leurs manifestations. Hélène Romeyer10 a ainsi étudié comment le mécanisme d’autoréflexivité propre à un certain type de programmes télévisuels amène des téléspectateurs à se constituer en un public capable de prise de parole. Guillaume Le Saulnier11 a enquêté sur des modes d’appropriation des séries télévisées policières par des policiers c’est-à -dire des publics particulièrement concernés » pour reprendre la démarche initiée par la sociologue des médias Sabine Chalvon Demersay, 2003 et sur la manière dont celles-ci influencent la constitution de leurs identités professionnelles. Il y a aussi la thèse de Guillaume Goasdoué12 sur les pratiques informationnelles, ainsi que celle de Pierre Bialès13 sur les mécanismes de reconnaissance et la mobilisation de publics dans la médiatisation du don humanitaire. 14 Dans ce dossier, l’audience n’est pas tant envisagée du point de vue des techniques de mesure des a ... 8En 2004, la notion de public devient centrale, en témoigne la publication simultanée de trois dossiers de revues scientifiques consacrés à cet objet L’audience. Presse, radio, télévision et internet » Hermès, 37, publié en 200314 ; Figures du public » Réseaux, 126 ; Public, cher inconnu » Le temps des médias, 3. C’est à un laboratoire de recherche en sciences de l’information et de la communication, le Centre d’analyse et de recherche interdisciplinaire sur les médias Carism de l’Institut français de presse IFP que l’on doit l’initiative de l’organisation d’une Journée d’étude Questionnements croisés sur le public et l’audience » autour de ces publications. Avec pour projet de mettre à l’honneur le public, devenu point nodal des interrogations ». Ainsi le 1er avril 2005 ont été réunis à l’université Paris 2 des chercheurs de plusieurs disciplines Sic et sociologie principalement pour aborder les problématiques Parler du public », Parler au public » et Le public parle ». Ainsi observe-t-on qu’une forme de consensus caractérise la définition performative de la notion de public de télévision » dans les années 2000 un public qui n’existe pas en soi, mais se constitue de la rencontre avec un dispositif médiatique. 9En parallèle, une autre perspective s’impose peu à peu les enquêtes sur des types spécifiques de public et sur des phénomènes dé désignation, de réception, de constitution, d’appropriation ou encore de manifestation de soi. Ainsi en 2002, Philippe Le Guern dirige une publication collective consacrée aux cultes médiatiques. S’il parle des publics du culte » dès les premières lignes de son propos introductif, il précise ensuite que, dans le domaine des médias – notamment du cinéma et de la télévision –, des individus se constituent en publics d’œuvres dites cultes par des phénomènes de réception et d’appropriation L’œuvre culte peut être le prétexte autour duquel se construisent des communautés spectatorielles, avec leurs valeurs, leurs usages, leurs rituels, etc. » Le Guern, 2002 17. Mais, l’auteur explique aussi que cette notion de culte est également utilisée par les chaînes de télévision, à des fins performatives, dans le cadre de stratégies publicitaires il s’agit de s’adresser à un public spécifique au sens d’audience ici, c’est-à -dire un public qui a intériorisé la signification culturelle et sociale » de ce label culte ». Dès lors être de ceux qui regardent le programme culte » en question peut devenir valorisant voire un signe de distinction. La troisième partie de l’ouvrage est particulièrement consacrée à la télévision avec le cas des publics de séries télévisées cultes » l’on y retrouve un chapitre rédigé par Dominique Pasquier voir infra et d’autres proposés par des chercheurs en information-communication tels Éric Maigret et Jean-Pierre Esquenazi. Un intérêt particulier porté aux publics de fans est également manifesté par Mélanie Bourdaa 2012, qui a créé en 2014 un groupe de recherche et d’étude sur les fans GREF, extension de travaux menés au sein de l’unité SIC MICA université Bordeaux Montaigne, ou encore sur les publics festivaliers » [voir l’article consacré à cet objet dans ce même numéro de la RFSIC], à partir des travaux menés au sein de l’équipe SIC Culture & Communication du Centre Norbert Elias UMR CNRS-EHESS-Université d’Avignon. Notons que la perspective de recherche sur des types spécifiques de publics s’enrichit au fur et à mesure, avec l’organisation de manifestations scientifiques tel le colloque À la recherche des publics populaires » organisé à l’Université de Lorraine en 2011 et 2012, où l’on retrouve ce principe de la performance » puisque les thématiques principales du colloque sont Faire peuple » et Être peuple ». Dans le même temps, des appropriations se manifestent, lorsque des chercheurs en Sic prolongent et augmentent cette définition en mobilisant des propositions théoriques et méthodologiques alternatives. Le public vu par les pratiques socioculturelles 15 Signalons que G. Soulez a une bonne connaissance des travaux de D. Dayan, les deux chercheurs se so ... 10À l’heure actuelle, trois perspectives, au moins, peuvent caractériser l’appropriation, par les SIC, de la problématique des publics médiatiques. Une première se caractériserait par la rencontre de cette approche performative et consensuelle du public avec des démarches héritées de la sémiologie, du pragmatisme, de l’analyse de contenus ou encore de la rhétorique. C’est le cas de cette enquête de 2004, de Guillaume Soulez, “Nous sommes le public” Apports de la rhétorique à l’analyse des publics » Réseaux, 126. Le projet consistait à observer des téléspectateurs qui manifestent leur activité de réception, en l’occurrence par la rédaction de courriers adressés à un hebdomadaire culturel spécialisé notamment dans la télévision et le cinéma Télérama. On y retrouve deux éléments principaux de l’approche sociologique des publics type Dayan »15 l’idée de publicisation, c’est-à -dire un public constitué en réponse à » Nous proposons d’étudier un niveau intermédiaire […] l’auditoire, que nous pouvons définir en une première approximation comme un collectif ponctuel construit par les téléspectateurs en réponse à un collectif visé par un programme donné » ibid. 116 ; celle de la performance des publics L’hypothèse de l’auditoire est de partir de réactions attestées […] formulées par les téléspectateurs eux-mêmes, pour observer quelles sont les voies habituelles par lesquelles ils construisent le collectif qui donne sens pour eux au programme » id.. L’apport de la rhétorique, selon l’auteur, permet de saisir une des étapes » de la réception, c’est-à -dire une forme d’action qui se situe entre la réaction et l’appropriation, nommée réactivité » face au programme de télévision. Une des conclusions de l’étude, au sujet de la nature des publics consiste à définir l’acte de regarder la télévision comme Une activité par laquelle on s’expose au moment même où l’on veut faire partie d’un ensemble » id. 140. En effet, Guillaume Soulez propose d’utiliser la notion de répertoire pour qualifier le registre de réactivité auquel a recours le téléspectateur dans son acte performatif ; elle permet de prendre en compte une conscience du collectif qui caractérise la réception télévisuelle étudiée sous l’angle des publics. 11En 1994, Jean-Pierre Esquenazi organisait un colloque intitulé La télévision et ses téléspectateurs » à l’université de Metz. Par la suite, dans la publication Les cultes médiatiques cité précédemment, il présentait les résultats d’une enquête menée sur le public d’une série télévisée considérée comme culte Friends il évoquait dès les premières lignes la série et son » public. Ici, le public de la série étudié est celui qui se manifeste comme tel à travers les réponses données par de jeunes individus à un questionnaire lycéens et étudiants. L’analyse du chercheur repose sur la notion de communauté interprétative, soit un public, qui, à un moment donné, se reconnaît et adopte le langage de ce produit » Esquenazi, 2002a 233. La même année, Jean-Pierre Esquenazi publie l’article Les non-publics de la télévision » dans la revue Réseaux. Il y propose une réflexion épistémologique autour des notions employées pour qualifier les spectateurs audience, réception et public. Ce qui l’amène à rappeler qu’un public est d’abord un rassemblement de personnes qui ont quelque chose en commun » Esquenazi, 2002b 318, ainsi qu’à oser une définition des non-publics de télévision ce sont les communautés dont les pratiques et les goûts ne sont pas conformes aux pratiques et aux goûts légitimes » ibid. 322. Ceux qui savent inscrire leurs choix ou leurs jugements à l’intérieur d’une norme sociale du bon goût parviennent à faire partie d’un public ; mais ceux qui n’ont que des goûts jugés “vagues” ou “médiocres” sont rapidement inclus, qu’ils le veuillent ou non, à l’intérieur d’une foule, d’une masse ou d’une audience » id. 323. S’inscrivant dans la continuité de la proposition théorique de Daniel Dayan, il précise en effet que pour être remarqué, un public doit en effet se manifester concrètement dans l’espace public » ; cependant, la réception domestique des programmes télévisuels ne facilite pas de telles réactions collectives. Dès lors, selon le chercheur, les classes dominantes qui manifestent leur désapprobation des contenus télévisuels sont un premier emblème de constitution d’un public de… télévision » id. 331. Ce faisant, Jean-Pierre Esquenazi appelait à un développement des recherches sur la formation des non-publics ; appel qui peut aujourd’hui être considéré comme un élément de référence dans le domaine de l’étude des publics, à la faveur notamment de cette enquête, de la réflexion sur les non-publics » qui l’accompagne, et de la publication, en 2003, du manuel Sociologie des publics collection Repères » des éditions La Découverte. Notons également que Jean-Pierre Esquenazi est l’auteur de la contribution Les médias et leurs publics », publiée dans le chapitre consacré aux Objets » dans le manuel Sciences de l’information et de la communication. Objets, savoirs, discipline, dirigé par Stéphane Olivesi 2006. À ce sujet, il est intéressant de relever l’évolution de la perception et de la définition de la notion de public dans le champ de la communication lorsque Lucien Sfez coordonne en 1993 le Dictionnaire critique de la communication, il fait appel à Michel Souchon, sociologue de formation et praticien de la mesure d’audience il fut successivement directeur des études de TF1, puis d’Antenne 2 et enfin de la Présidence de France Télévisions, pour la rédaction de la notice Public/publics de télévision ». Il s’agit alors de décrire la diversité des comportements téléspectatoriels à l’aune des données quantitatives proposées par les mesures d’audience Il est possible, en se basant sur les banques de données construites par les instituts qui mesurent l’audience, de dresser une sorte de cartographie des comportements des téléspectateurs » Souchon, 1993 1045. Mais Michel Souchon y réhabilite surtout le grand public » en expliquant que, contrairement aux idées reçues, ceux qui regardent beaucoup la télévision sont aussi ceux qui regardent une plus grande variété de genres de programmes notamment les informations et les documentaires tandis que les petits spectateurs » ne sont pas si sélectifs et exigeants qu’on l’imagine. Une vingtaine d’années plus tard, lorsque Jean-Pierre Esquenazi 2006 fait le point sur Les médias et leurs publics », on comprend l’évolution des problématiques la connaissance des publics doit se faire à partir des publics eux-mêmes et de leurs capacités d’interprétation et d’appropriation, de restructuration, etc. 16 Citons, pour exemple, la publication collective Les publics de la culture, coordonnée par O. Donnat ... 12La promotion tardive – pour ne pas dire la réhabilitation – en France des Cultural Studies par le chercheur en information-communication Éric Maigret a également eu pour effet de placer l’étude des publics au premier plan. Et de mettre en avant la variété des compétences que les publics mettent en œuvre dans l’activité de réception de messages télévisés L’analyse des publics des médias et de la façon dont ils recevaient leurs messages a tout de suite montré que les individus n’étaient pas des êtres passifs soumis au pouvoir des médias. Ils manifestent au contraire des facultés différentes d’attention, de compréhension, d’interprétation, d’acceptation ou de refus dans lesquelles leur situation personnelle et sociale joue un grand rôle » Maigret, 2003 50. L’importation de ce renversement d’approche des Cultural Studies s’accompagne d’une volonté de dépassement du modèle sociologique de la domination et de la théorie critique classique qui, non seulement, hiérarchisent les pratiques culturelles, mais excluent de celles-ci la télévision, média de l’aliénation par excellence, des masses, et de l’illégitime distraction facile16. Les chercheurs en SIC qui travaillent sur les études culturelles mobilisent les enquêtes sur la culture de masse, sur les milieux populaires, les contre-cultures », les publics marginalisés, ainsi que les études sur les capacités d’interprétation des publics et sur les pratiques quotidiennes. Les théories sur la légitimité culturelle envisagent le rapport au média sur les modes de la manipulation et de la domination. Éric Maigret et Éric Macé proposent de penser de manière combinée médias et culture, et de ne pas considérer les pratiques médiatiques comme des actes indépendants, isolés, mais comme des éléments constitutifs des rapports sociaux. Éric Macé explique que les médias et les représentations médiatiques sont indissociables de la sphère publique notion qu’il préfère ici à celle d’espace public, dont ils peuvent être des scènes des lieux d’exposition et/ou des acteurs. Dès lors, les publics ne sont plus des objets de recherche sur lesquels se focaliser en tant que tels les membres des publics sont des individus qui peuvent manifester leur sensibilité à une cause, un événement, etc. qui se médiatise à un moment donné. Le public est une manifestation des rapports sociaux, il est un élément de construction de la réalité Qu’on s’intéresse aux controverses publiques, aux représentations médiatiques ou à l’expérience des ”publics”, c’est au fond la même chose qu’on étudie la manière dont les mouvements culturels qu’ils soient conservateurs, réactionnaires ou transgressifs construisent conflictuellement la réalité à travers cette forme spécifique de médiation qu’est la médiation médiatique » Macé, 2005 42. Ainsi, Penser les médiacultures Maigret, Macé, 2005 consiste à ne plus considérer les médias comme objet central dans les activités de réception des individus. Dès lors, il s’agit de s’intéresser aux expériences publiques plutôt qu’aux publics Une sociologie des publics est condamnée à disparaître pour réussir pleinement et se transforme alors en sociologie de l’espace public et de l’expérience, qui ne considère pas les spectateurs ou les auditeurs comme isolés dans leur acte de réception, même s’ils sont vus comme psychologiquement capables et socialisés, mais comme actifs au sein d’un espace de prises de position où il s’agit de se faire entendre » Maigret, 2003 53. Conclusion 13Les SIC ont accompagné un mouvement de réhabilitation des publics de télévision sur la scène académique. Puis, elles ont participé du mouvement de stabilisation de la définition des publics collectifs ne préexistant pas au produit médiatique. Le mouvement le plus récent est celui de l’appropriation qui se caractérise par la proposition de définitions, non pas alternatives, mais prolongées, augmentées, qui devraient permettre de saisir davantage la complexité de l’activité de réception médiatique comme élément constitutif des rapports des individus au monde qui les entoure. 14L’on pourrait penser que les recherches sur les publics en sciences de l’information et de la communication relèvent d’un rendez-vous pas totalement réussi » Boure, 2007 258, car elles ne sont pas si nombreuses et restent encore déconnectées de recherches connexes en sociologie des publics de la culture musées, festivals, en sociologie de la consommation culturelle sociologie du loisir et des pratiques de sortie, notamment, en marketing ou en psychologie des publics, soit d’un ensemble de champs et terrains dont les apports croisés pourraient être beaucoup plus fréquents. Les manifestations scientifiques consacrées à cet objet restent encore assez rares dans le champ disciplinaire des SIC, ainsi que les interventions sur l’objet lors des congrès comme ceux de la SFSIC, par exemple. Pour autant, l’on peut affirmer que les publics sont un objet aujourd’hui totalement légitime en sciences humaines et sociales, et en SIC en particulier, ce dont témoigne la publication de ce numéro thématique de la Revue Française des sciences de l’information et de la communication. Haut de page Bibliographie Baltz Claude, La nébuleuse Inforcom », Réseaux, 1985, 13, p. 7-13. Bourdon Jérôme, Meadel Cécile, dirs, Television audiences aroud the world, Palgrave MacMillan, 2014 Boullier Dominique, La conversation télé, Rennes, Lares, 1987. Boullier Dominique, La télévision telle qu’on la parle, Paris, Éd. L’Harmattan, 2003. Bourdaa Mélanie, Keep calm and join the fandom. Une proposition de typologie des activités de fans », Colloque À la recherche des publics populaires. 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Il s’agissait d’organiser des souscriptions dans des villages permettant l’acquisition d’un poste ; puis de mettre en place des séances de visionnage collectives, suivies de discussions autour des réactions et ressentis des individus, souvent orchestrées par l’instituteur du village voir Dumazedier, 1955 ; Levy, 1999. 2 D’emblée, il est à noter que la notion d’usagers n’est pas mobilisée par les SIC lorsqu’il s’agit des recherches sur les publics de télévision ; elle semble d’avantage réservée aux recherches sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication NTIC. 3 En tant que directeur du programme de recherche Communication CNRS, du LCP et de la revue Hermès, D. Wolton a favorisé le traitement de la problématique des publics ; en ce qui concerne particulièrement le colloque Public et réception » et le dossier À la recherche des publics », il est important de souligner le rôle de passeur et de théoricien alors joué par D. Dayan, considéré comme l’introducteur de la problématique de la réception en France cf. l’article maintes fois cité Les mystères de la réception », 1992 pour une analyse plus détaillée de ce rôle, voir Ségur, 2010. 4 Dans l’article Les mystères de la réception, D. Dayan 1992 159-161 propose explicitement ce déplacement L’un des objectifs des études de réception est alors de passer à l’étude de cette quatrième fiction de proposer une ethnographie des modes d’autoreconnaissance des publics. […] Il leur échoit de savoir comment se constituent les publics […] et de réfléchir sur les conséquences d’une telle constitution ». Ce programme est unanimement considéré comme un tournant pour les recherches sur les téléspectateurs Un important travail de déconstruction de la notion de “public” » Breton, Proulx, 2002 245 ; Ce renversement de point de vue s’accompagne d’un “tournant” méthodologique visant à repenser les outils et les modes de saisie des données, et aboutit, le plus souvent dans une perspective ethnographique, à des observations, entretiens, voire des séjours au sein de ce groupe exotique et mystérieux que constitue désormais le public de télévision » Le Grignou, 2003 3. 5 Comme cela n’est pas le propos principal de cet article, nous ne proposons que quelques illustrations du développement de cette approche ; nous nous permettons de renvoyer le lecteur vers une autre publication pour une étude plus détaillée de la constitution réticulaire de cette perspective de recherche Ségur, 2010. 6 Pour étudier la réception d’une sitcom populaire à succès Hélène et les garçons, la sociologue des médias D. Pasquier 1999 a développé trois dispositifs qui ont consisté à envisager l’acte de réception comme un acte du quotidien et comme un processus d’interprétation et d’utilisation des images dans sa compréhension de la réalité l’observation des comportements de jeunes téléspectatrices à domicile au moment de la diffusion du programme, la distribution d’un questionnaire à 700 collégiens et lycéens sur les goûts en terme de séries télévisées, ainsi que l’analyse du courrier adressé aux acteurs, reçu à la société de production, dans lequel les téléspectateurs manifestent leur appartenance au public des fans de la série. D. Pasquier a ainsi mis à jour le rôle de cette série comme ressource identitaire, parmi d’autres, pour ces publics. Cette enquête a donné lieu à la publication d’un ouvrage, mais aussi de nombreux articles et chapitres d’ouvrages collectifs plusieurs années après sa réalisation. 7 Quelques exemples I. Ang Culture et communication. Pour une critique ethnographique de la consommation des médias », 1993, Hermès, 11-12 ; T. Liebes À propos de la participation des téléspectateurs », 1997, Réseaux, hors série Sociologie de la communication » ; S. Livingstone Du rapport entre audiences et publics », 2004, Réseaux, 126. 8 Quelques exemples P. Chambat, A. Ehrenberg Télévision, terminal moral », 1993, Réseaux, hors série Sociologie de la télévision » ; S. Proulx, Laberge Vie quotidienne, culture télévisuelle et construction de l’identité familiale », 1995, Réseaux, 70 ; S. Calbo Les manifestations de l’affectivité en situation de réception télévisuelle », 1998, Réseaux, 90. 9 Notons que P. Sorlin a une bonne connaissance des réflexions proposées par D. Dayan, puisqu’il avait été membre de son jury de thèse dans les années 80 et a notamment contribué – par la rédaction d’un compte rendu de lecture – à faire connaître en France l’ouvrage Media Events 1992, coécrit par Daniel Dayan et Elihu Katz enquête sur les publics des cérémonies télévisées. 10 H. Romeyer, L’autoreflexivité télévisuelle en France, entre communication médiatique et espace public de débat les cas Arrêts sur images et L’hebdo du médiateur », Thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Université Stendhal, Grenoble 3, 2004. 11 G. Le Saulnier G., La police nationale dans une société médiatisée. Des stratégies médiatiques de l’organisation aux usages et réceptions des médias par la profession, Thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Université Panthéon Assas, Paris, 2010. 12 G. Goasdoué G., La construction des pratiques informationnelles par les publics des médias », Thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Université Panthéon Assas, Paris, 2012. 13 P. Bialès P., Les mécanismes de reconnaissance et la mobilisation de publics dans la médiatisation du don humanitaire », Thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Université Panthéon Assas, Paris, 2013. 14 Dans ce dossier, l’audience n’est pas tant envisagée du point de vue des techniques de mesure des auditoires et lectorats, mais elle est plutôt mise en perspective par l’entremise de la question de la connaissance des publics. 15 Signalons que G. Soulez a une bonne connaissance des travaux de D. Dayan, les deux chercheurs se sont côtoyés lors de manifestations scientifiques et se citent mutuellement cf. Dayan, 2002. 16 Citons, pour exemple, la publication collective Les publics de la culture, coordonnée par O. Donnat et P. Tolila en 2003, au sein de laquelle les papiers sur les publics des médias peinent à trouver leur place, et se limitent » à deux textes sur une cinquantaine au total signés H. Glevarec et D. Pasquier dans un chapitre Culture jeune et publics juvéniles ».Haut de page Pour citer cet article Référence électronique Céline Ségur, L’étude des publics de télévision en SIC. Quelle évolution conceptuelle ? », Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 7 2015, mis en ligne le 30 septembre 2015, consulté le 18 août 2022. URL ; DOI de page Auteur Céline SégurCéline Ségur est maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication et chercheuse au Centre de recherche sur les médiations Université de Lorraine. Ses travaux portent sur les figures de publics construites par les discours scientifiques, institutionnels et médiatiques ainsi que leurs enjeux sur les pratiques effectives. Elle a publié en 2010 l’ouvrage Les recherches sur les téléspectateurs. Trajectoires académiques aux éditions Hermès/ de page
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fait le bilan d'audience de la tranche horaire 19h-21h du lundi au vendredi au cours du mois de septembre 2021. Déjà un premier bilan. Un mois après la rentrée télé, vous propose de faire un point sur les audiences de l'access prime-time. Cette case horaire est stratégique pour les dirigeants de chaîne, qui veulent fidéliser leur public avant la programmation de leurs émissions de prime time. Sur le premier mois de la saison, les gagnants sont TF1 parmi les grandes chaînes, France 5 et C8 sur la TNT. En revanche, M6 et TMC sont en repli par rapport à leur rentrée 2020. À lire aussi Audiences Audiences "Les Traîtres" signe le meilleur démarrage de l'histoire de M6 pour un... Audiences Audiences access 20h Plus de 30% du public devant le "20 Heures" de Julien... Audiences Audiences access 19h Virna Sacchi double "Demain nous appartient" Audiences Audiences Quel score pour le lancement du jeu "Les traîtres" avec Eric Antoine... TF1, seule chaîne historique en progression Du lundi au vendredi, la chaîne dirigée par Gilles Pélisson rassemble, en moyenne, téléspectateurs par jour, selon Médiamétrie, entre 19h et 21h . En septembre 2021, la chaîne a gagné fidèles par rapport à la rentrée 2020, alors que le nombre total de téléspectateurs présents devant la télé, toutes chaînes confondues, est stable sur un an. TF1 est la seule chaîne historique en progrès, avec une hausse de 0,5 point d'audience sur les individus de quatre ans et plus 4+ et 1,9 point gagné sur la cible commerciale féminine des femmes responsables des achats de moins de cinquante ans FRDA-50, pour s'établir à 20,8% de part de marché sur cette cible en septembre 2021. TF1 doit principalement cette progression au succès du feuilleton "Ici tout commence", qui fait de bien meilleurs scores que "Bienvenue chez nous" programmé l'an dernier. Les autres programmes, que ce soit "Demain nous appartient" ou le 20h de Gilles Bouleau, sont globalement stables sur un an. France 2 est toujours la deuxième chaîne la plus regardée en access, avec personnes réunies quotidiennement devant "N'oubliez pas les paroles", le "20 heures" d'Anne-Sophie Lapix et "Un si grand soleil", ce qui représente 17,8% de part d'audience. La chaîne du service public est en légère baisse -0,2 point, en raison de la perte de fidèles par le jeu musical animé par Nagui. France 3 est sur la troisième marche du podium, avec 2,26 millions de Français présents devant les différentes éditions du " "Plus Belle la vie" et "Tout le sport", contre 2,36 millions un an plus tôt. Alors que les différentes éditions du "19/20" sont en repli, "Plus Belle la vie" a réussi à reprendre des couleurs après une rentrée 2020 difficile. M6 est la chaîne historique la plus en difficulté. Le navire amiral du groupe dirigé par Nicolas de Tavernost a perdu téléspectateurs en un an, pour atteindre une audience de 2,09 millions de téléspectateurs 10,7% 4+. Tous les programmes de l'access sont en recul mais ce sont surtout les émissions de pré-access "Tous en Cuisine" et "Objectif Top Chef" qui accusent le coup. Les dirigeants de M6 peuvent se rassurer avec une part de marché toujours solide sur la cible commerciale féminine 16,7% FRDA-50. TMC leader TNT en baisse, France 5 en hausse En septembre 2021, TMC repasse sous le million, avec fidèles devant Yann Barthès en moyenne entre 19h et 21h, soit 4,6% de l'ensemble des téléspectateurs. La case occupée par "Quotidien" perd personnes et 0,5 point d'audience en un an, mais reste stable et à un haut niveau sur la cible commerciale féminine 9,2%. En septembre 2020, le talk leader de la TNT avait réussi à conserver les téléspectateurs gagnés pendant le premier confinement. Contrairement aux chaînes précédentes, France 5 a fait le pari de modifier sa case, en remplaçant "Passage des arts", l'émission culturelle présentée par Claire Chazal, par un prolongement de "C à vous, la suite". Ce choix s'avère gagnant pour l'instant avec téléspectateurs et 0,4 point d'audience gagnés en un an sur la tranche 20h-21h. Entre 19h et 21h, ce sont ainsi Français qui dînent avec Anne-Elisabeth Lemoine 3,7% 4+, ce qui permet à France 5 de rester devant C8, en embuscade. C8 remonte et CNews poursuit sa montée en puissance Cyril Hanouna avait raté sa rentrée 2020, en misant sur le jeu "A prendre ou à laisser" à 20h30. En raison de mauvaises audiences, les boîtes avait rapidement migré en pré-access pour laisser la place à "Touche pas à mon poste". Pour cette rentrée 2021, C8 peut compter sur "TPMP" dans une formule déjà rodée l'an dernier. Les fanzouzes sont au rendez-vous ils sont tous les soirs entre 19h et 21h, soit de plus qu'en 2020. "Touche pas à mon poste" rassemble 3,6% du public +0,6 point et 5,7% des femmes responsables des achats de moins de cinquante ans +0,7 point, soit au même niveau qu'au premier semestre 2021. Vincent Bolloré, le patron du groupe Canal, peut aussi se féliciter du succès de sa chaîne d'opinions, CNews, dont la montée en puissance se poursuit. "Face à l'info" et "L'heure des pros 2" sont suivis chaque soir par téléspectateurs en moyenne, soit 8 fois plus qu'en septembre 2019. Même si le départ contraint d'Eric Zemmour a pour conséquence un tassement de l'audience - fidèles perdus par rapport au premier semestre 2021 -, CNews peut toujours s'enorgueillir d'audiences meilleures qu'Arte et W9, qui la devançaient un an plus tôt. Arte stable avec "28 minutes", L'Equipe se maintient malgré le départ d'Estelle Denis La chaîne franco-allemande Arte est stable avec personnes et 2,6 % de part d'audience, alors que W9 dévisse. Avec téléspectateurs en moyenne, la petite soeur de M6 perd du terrain sur tous les indicateurs fratés perdus, -0,5 point d'audience sur l'ensemble du public et -1 point d'audience sur la cible commerciale, à 5,6% de part de marché. La télé-réalité "Les Marseillais contre le reste du monde", qui talonnait "Touche pas à mon poste" l'an dernier, a perdu 20% de son public. Aux portes du Top 10, la chaîne L'Équipe mérite d'être mentionnée avec une audience en hausse pour la case occupée par "L'équipe de Greg" et "L'équipe du soir". Grégory Ascher a réussi à prendre la suite d'Estelle Denis, sans égarer les amateurs de débats sportifs. Le canal 21 est regardé tous les soirs par téléspectateurs 1,4% 4+, soit de plus qu'en septembre 2020. Parmi les autres chaînes, TF1 Séries Film, BFM TV et RMC Story figurent parmi les gagnantes de la rentrée, alors que 6ter, TFX et Canal+ sont en nette baisse.
INTRODUCTIONLes échantillons aquitains (tableau) 14 Structure par âges de la population théorique en Aquitaine (graphique) 17 PCS de la population théorique en Aquitaine (graphique)
En collaboration avec La Poste et son agence Starcom, M6 Publicité confirme son savoir-faire technologique en matière de publicité adressée sur téléviseurs connectés, avec la 1ère substitution de spot publicitaire en direct sur plusieurs segments d’audience, à l’échelle nationale et en direct. Avec ce test inédit en France, M6 Publicité confirme son expertise technologique en matière de publicité adressée sur les TV expérimentation a été rendue possible par la combinaison de 3 éléments, gérés et maîtrisés par la régie du Groupe M6 Le savoir-faire technologique du Groupe et de son partenaire SpotX en matière d’AdTech, qui permet une substitution publicitaire à l’image près, pour une diffusion parfaitement capacité d’adresser les foyers qui ont donné leur consentement pour recevoir de la publicité ciblée sur leur TV connectée, au cours du visionnage des chaînes M6, W9 ou 6ter en des données de consommation des programmes du Groupe M6, qui permet de créer des segments d’audience les 7 et 10 mai 2019, en direct sur M6, La Poste a pu diffuser 2 messages publicitaires distincts auprès de 2 segments de téléspectateurs équipés de TV connectées Le spot Digiposte », diffusé auprès du segment foyers affinitaires spot Envoi boite aux lettres », diffusé auprès du segment foyers connected parallèle, la diffusion classique sur les TV non connectées s’est effectuée en toute normalité. Les autres actualités Campagnes
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